Ça y est, la campagne des élections fédérales est lancée… Cinq semaines durant lesquelles on entendra parler — un peu — d’autre chose que de Trump, Vance, Musk.
Le PLC part sur un nouveau pied de guerre avec son banquier — les Français rigolent; c’est à votre tour! vous verrez bien…
Dans son coin, là-bas, à droite, à l’extrême droite, le réactionnaire-conservateur Poilièvre, qui est sur une glissade digne du Red Bull Crashed Ice (tiens, Red Bull, l’image lui va bien, du moins le Red, parce qu’il a le Bull plutôt mou…) essaie de se distancer de Trump. Mais les images restent!
Bien sûr, sur le plan national, il y a aussi le NPD. Qu’en dire? Voilà.
Et au Québec, le Bloc québécois continuera de faire valoir son rôle d’oppos… zzz zzz… oups, excusez-moi.
Une fin d’après-midi d’un dimanche de février, en attente d’une autre tempête de neige, j’écoute le disque «La Traversée », de Gilles Bélanger, qui date de 1980. Quel trésor méconnu! De magnifiques chansons, profondes, touchantes, d’une qualité d’écriture de haut niveau. La Traversée et Lettre de Élise à Albert sont de petits chefs-d’œuvre de chansons; L’Alphonse, Last Call et Le Naufragé les suivent de près, mais TOUT est bon sur cet album. Probablement vendu à seulement quelques centaines de copies à l’époque — je me souviens de piles de cet album entreposées dans des placards de la radio communautaire de Rimouski où je travaillais — cet album mériterait grandement d’être relancé, comme l’ont été quelques albums de ces années.
Ça fait dix ans tu m’avais dit un an Le temps de faire un peu d’argent à l’Expo Les Olympiques t’ont rentré d’dans Encore un an tu m’as dit c’est l’gros lot Pi la Baie James t’a harnaché À tous les trois a m’passe dix jours Un gars trop saoul pour faire l’amour Ça valait pas le coup de s’déraciner »
Après l’écoute de La Traversée, de Gilles Bélanger, je passe à NIL EN VILLE, de Jocelyn Bérubé, ami de longue date et petit cousin par je ne sais trop quelle fesse.
Quel texte, quel cri du cœur, quel triste et vrai portrait de la vie des déportés de l’un de ces villages gaspésiens fermés par le Bureau d’aménagement de l’Est du Québec (BAEQ) au début des années 1970. 53 ans après la fermeture de Saint-Nil et 48 ans après la parution de l’album Nil en ville (1976), ce texte magistral, écrit sur un coup de cœur et de blues à l’âme en peu de temps sur le coin d’une table de bar, frappe encore en plein front, en pleine gueule, en plein cœur.
Quand ta maison flambait Dans la brumante des déportements Tu regardais en chagrin par en haut Devant ta maison qui brûlait Tu voyais un oiseau qui chantait
Nil, coq éméché, encore passé tout droit, Oiseau à pied, pillé, volé et passé au feu, Devenu déporté, transposé Adapté au courant (…) Peut-être que tu campes tous les soirs Dans une des mille tavernes, Attendant pour lever d’ton siège De t’faire claironner Un « Last call » d’humeur massacrante dans les oreilles, Comme le glas d’une autre défaite : ton œil frippé, Voyant en double les tables désertées et jonchées de bouteilles, Comme des cadavres de champs de bataille. Nil en ville, sans famille, sans village, et sans pays, Tu portes enfin ton nom. (…)