Chronique d’un écocide : l’effacement des caribous de Val-d’Or

« En 1984, 50 caribous vivaient en liberté sur un territoire de 1200 km² au sud de Val-d’Or. En 2022, neuf caribous sont incarcérés dans un enclos de concentration de 12 km².

Durant ces quatre décennies, j’ai sonné l’alarme, participé à de nombreux groupes de discussion et comités divers pour tenter de renverser la vapeur, espérant ainsi faire comprendre à nos dirigeant-es nos obligations envers les générations futures.
Car j’estime qu’il est de notre devoir de préserver et de transmettre ce joyau écologique qu’est la harde relique de Val-d’Or.

Celle-ci est unique : elle est la seule qui subsiste au sud du 48e parallèle et elle se distingue de la harde de Charlevoix, qui est le fruit d’une réintroduction.

Malgré ce déclin annoncé depuis les années 1980 par les écologistes et les Anicinapek, le ministère responsable des forêts a contrevenu malicieusement à ses propres règles en regard d’une espèce menacée dans le cas de la harde de Val-d’Or.
Ses actions, contrairement à son discours rassurant, ont plutôt accéléré la destruction de l’habitat essentiel du troupeau, le menant ainsi au seuil de l’extinction.
 »

Je commence ma critique de ce petit livre — chronique, pamphlet et essai coup de poing — en citant sa conclusion parce qu’elle est aussi claire et limpide que le reste de cette « Chronique d’un écocide : L’effacement des caribous de Val-d’Or », qu’on pourrait tout aussi bien nommer « Parcours d’un infatigable combattant écologiste » ou « Portrait de la soumission de ministres et de fonctionnaires devant l’industrie forestière ».

Henri Jacob, fondateur du REVE — Regroupement écologiste Val-d’Or et environs — et, avec Richard Desjardins, de l’Action Boréale, est un ami. Si vous lui aviez vu la face lorsque, à notre première rencontre à Val-d’Or, je lui avais dit que j’avais grandi à Rimouski sur la rue… Henri-Jacob! Henri Jacob est un ami, donc, mais d’abord et avant tout quelqu’un dont j’admire vraiment le parcours de militant activiste pour la protection de l’environnement, avec regard focalisant sur la forêt et le caribou.

L’engagement constant d’Henri Jacob est ici relaté dans une écriture simple, anecdotique et parfois moqueuse, qui s’arrime à la triste histoire de la harde de caribous la plus au sud du Québec, dont le cheptel est passé de 60 à 80 individus en 1974 à neuf en 2022. De plans d’aménagement et de rétablissement mis et remis sur la glace aux intentions de protections, ententes préalables et promesses restées sur papier, le caribou forestier de Val-d’Or a poursuivi son déclin en raison de l’appétit gargantuesque et la logique extractiviste d’une industrie trop heureuse de pouvoir compter sur la permissivité de bénis-oui-oui haut placés du ministère de la Forêt et de la Faune. Mais ce ministère n’a-t-il pas fait faire de nombreuses études par ses propres biologistes qui recommandaient toutes et tous, l’une après l’autre, de modifier les façons de faire pour sauver le caribou ? Oui, mais cause toujours, ces recommandations ont vite trouvé place sur des tables empoussiérées — avec bran de scie — du ministère. C’est encore et toujours le credo des emplois menacés, de la pseudo mise en péril même de l’industrie forestière qui l’emporte si on ose évoquer la protection de quelques parcelles de territoires. Comme si une gestion mieux contrôlée des coupes forestières qui s’inspirerait de la culture et de la philosophie holistique des Premières Nations — Nous formons ensemble le territoire; nous sommes, humains, faune et flore, le territoire — ne pouvait pas se mettre en place au moins dans des zones de vieux peuplements de conifères pour la survie des espèces.

Chronique d’un écocide : l’effacement des caribous de Val-d’Or présente une saga, un combat, des actions de sensibilisation dans les écoles — décriées, ô surprise, par un cadre de Domtar — et le parcours militant d’un homme et de ses compères et consœurs qui doit être connu, partagé et soutenu. Qui plus est, le livre est rehaussé de magnifiques illustrations d’Olivier Lasser et sa préface est signée par l’aîné Richard Kistabish, conteur et ancien chef de la communauté anicinabek de Pikogan et grand chef du Conseil Algonquin du Québec et survivant du pensionnat de Saint-Marc-de-Figuery.

« Nous, les Anicinabek, cohabitions avec ces adik [1].
Ils occupaient et occupent un espace de territoire comme nous.
Ils étaient nos compagnons dans le partage de cet espace.
Ils savaient que nous dépendions d’eux et nous pareillement.
(…)

Nous sommes toujours surpris de la ténacité de cet homme blanc!
 Il est d’une race de monde qui a vécu sur ce territoire,

ce magnifique territoire. (…)
Il restera toujours et son esprit fera partie du décor.
Ses amis le respecteront. »

– Richard Kistabish

Au bout de ces éternelles danses à deux pas en avant et quatre en arrière et ces salmigondis de bonriens — un salut ici au compère d’Henri! — nous voici à la fin de 2022, à Montréal, qui accueille la Conférence sur la biodiversité — la Cop15. Devant ses hôtes internationaux, les représentants d’un gouvernement rompu à l’économie mur à mur souriront de leurs belles grandes dents blanches, balayant sous le tapis leur triste bilan pour la protection du caribou et tentant de faire oublier qu’il y a un peu plus de deux mois, ils ont, comme toujours, fait silence radio devant les avis de la Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards, qui soulignait encore une fois l’urgence de protéger des grands massifs de forêt mature pour assurer la survie des hardes reliques de ce grand cervidé.

Dirons-nous sans broncher « So long, caribou »? En cette période d’après-fêtes, il me vient à l’esprit l’image du Père Noël qui doit tirer seul son traîneau… jusqu’à ce qu’il l’accroche derrière un ou deux F-150 arborant dans leurs portières le logo du ministère de la Forêt et de la Faune…


[1] Caribou, en langue anishinaabemowin

Folie des grandeurs à Rivière-du-Loup

Il y a un peu plus de deux ans, je « prêtais » la page de ce blogue à ma fille Florence pour un article d’opinion titré « Notre maison, toujours en feu », qui portait sur le réchauffement climatique et l’inaction des gouvernements.

Aujourd’hui, en cette fin de mois de juin 2022 très pluvieux, je publie deux lettres de mon vieux compère Pierre Landry, dit Le Docteur Landry, qui mène un combat quasi épique contre un méga-projet de complexe de santé et de logements complètement hors-normes et, je dirais, hors-raison! D’un côté, une grande compagnie immobilière, un propriétaire de commerce ayant flairé l’appât du gain et la Ville de Rivière-du-Loup et un nouveau maire qui n’hésitent pas à aller contre leurs propres règlements d’urbanisme, hypnotisés qu’ils sont par l’ampleur du projet dans leur petite ville. De l’autre, un petit groupe de citoyens directement affectés par le projet et encore conscients de l’importance de réfléchir sur les questions d’urbanisme avant de se laisser charmer par le chant des sirènes de l’investissement et de l’envahissement du territoire.

Quand on regarde tous les aspects du projet; largeur de la rue, impact sur la qualité de vie de la Maison des Aîné-es récemment construite à proximité, proximité d’un site naturel exceptionnel — le parc des chutes, etc., on a peine à croire qu’un conseil municipal et qu’un maire puissent à ce point manquer de jugement et être à ce point soumis aux idées de grandeur d’une compagnie immobilière pour qui la santé et le logement sont d’abord et avant une affaires de profits.

Jacques Bérubé

Voici l’histoire de défenseurs du gros bon sens et de la vie de quartier et de petite ville, Pierre Landry, et sa conjointe, Jocelyne Gaudreau :

Rivière-du-Loup, juin 2022

Lettre aux ministres de la Santé et des Services sociaux et des Aîné-es et Proches aidants, au Premier ministre et à la Présidente-directrice générale du CISSS du Bas-Saint-Laurent

Mme Isabelle Malo, Présidente-directrice générale CISSS du Bas-Saint-Laurent
M. François Legault, Premier Ministre du Québec
M. Christian Dubé, Ministre de la Santé et des Services sociaux
Mme Marguerite Blais, Ministre responsable des Ainés et des Proches aidants

Mesdames, messieurs,

La présente est pour vous informer de l’existence à Rivière-du-Loup d’un projet d’un complexe d’habitation et médical de neuf étages qui verrait le jour tout juste à côté de la maison des aînés, en bordure de la Rivière-du-Loup.

Attendu la volonté du gouvernement de créer des lieux paisibles et accueillants pour « des personnes âgées en perte d’autonomie modérée qui seront accompagnées jusqu’à la perte d’autonomie majeure », nous questionnons cette initiative qui favoriserait ainsi l’implantation d’un immense complexe immobilier presque dans la cour de la Maison des Aînés.

Le complexe de neuf étages comprendrait deux étages souterrains pouvant accueillir 400 voitures de même qu’une impressionnante aire de stationnement en surface étendue sur une vaste superficie. Il comprendrait de plus de nombreuses cliniques à caractère médical, un état de fait qui, ajouté à la présence de 165 unités de logement, entraînerait une circulation quasi incessante. C’est sans compter sur l’ombre portée qui plongera la Maison des Ainés dans la pénombre aux plus belles heures de la journée. De plus, dès l’instant où les premiers pensionnaires trouveront refuge dans leur nouveau lieu d’habitation, ils subiront le contrecoup de travaux qui selon le promoteur s’échelonneront jusqu’en 2024.

Voici ce qu’en pense une aînée actuellement âgée de 83 ans :

« En tant que femme âgée vivant à Notre-Dame-du-Portage, j’ai salué avec joie la construction de la Maison des Aînés au bout de la rue Sainte-Anne, juste à l’arrière du secteur de la rue Saint-Louis où l’énorme bâtisse serait construite. À l’heure où, fort des pénibles expériences vécues au cours de la COVID et même avant, le ministère de la Santé et des Services sociaux souhaite offrir aux personnes en fin de vie des lieux mieux adaptés à leurs besoins que ne le sont les actuels CHSLD, dans des environnements paisibles, verdoyants, en un mot humains, le choix de construire la maison des aînés près de la Chute et du Platin répondait vraiment à ces critères. Mais si le projet Medway voit le jour, c’est à l’ombre d’une tour de condos, au-dessus de trois étages de services de toutes sortes, avec une circulation de voitures et de camions incessante et des stationnements partout, que se retrouveront nos personnes âgées, le soleil leur étant presque constamment voilé… »
Simone Landry.

Le projet en question nécessite de plus la destruction d’une maison à logements situé sur le périmètre convoité de même que le déménagement d’une maison ancestrale, de même que l’éviction des locataires actuels. On procéderait de plus à l’abattage de nombreux arbres dont certains centenaires.

Il va de soi pour nous que ce projet contrevient totalement à l’essence même du concept de maison des aînés et nous vous prions de prendre acte de façon impérieuse dans ce dossier pour lequel la Ville de Rivière-du-Loup s’est montrée ouvertement très favorable.

Nous nous permettons de joindre aux présentes une photo d’un esquisse qui a été dévoilée lors d’une séance d’information tenue par le promoteur, le Groupe Medway, le 14 juin dernier. Elle provient d’une capture d’écran faite à partir de l’édition web du journal mentionné.

Veuillez agréer, mesdames, messieurs, l’expression de nos sentiments distingués.

La bâtisse en beige représente la maison des aînés de Rivière-du-Loup. L’édifice au toit blanc représente le projet convoité, de neuf étages.

Jocelyne Gaudreau
Pierre Landry
Citoyens de Rivière-du-Loup

Lettre ouverte au maire de Rivière-du-Loup, M. Mario Bastille

Monsieur Bastille,

Nous apprenons ce matin que le Groupe Medway en serait venu à une entente avec les locataires des immeubles portant les numéros civiques 27-29 et 31-33 rue Saint-Louis à Rivière-du-Loup et s’apprêterait à déposer de nouvelles demandes de permis de démolition pour les immeubles se trouvant sur ces lots. D’autre part, les résidents avoisinant le projet ont été invités ce soir même par le promoteur Medway à une rencontre d’information. Nous sommes très heureux de cette invitation et nous sommes anxieux d’en apprendre davantage sur ce projet. Cependant, il est évident que M. Yan Boudreau, président du Groupe Medway, fera tout pour nous convaincre des bienfaits du projet. C’est là bien sûr son droit le plus légitime et c’est tout à son intérêt.

Il y a cependant un certain nombre de questions que les citoyens se posent, auxquelles ils sont en droit d’avoir des réponses, et auxquelles seule la Ville peut répondre. En voici quelques-unes.

Le zonage
Si l’on se fie aux informations contenues dans le Programme particulier d’urbanisme pour le centre-ville (PPU) dont l’avis public d’entrée en vigueur a été diffusé dans les pages du journal Infodimanche du 1er juin dernier, les lots 3 750 954 et 3 750 955 où se situent les maisons vouées à la démolition ou au déménagement ne feraient pas partie du périmètre dit Pôle de santé. Ils feraient plutôt partie d’une zone qualifiée comme « résidentielle de forte densité » où seules sont autorisées des unités de 1 à 12 logements et « la vente au détail de quartier ». Il serait donc interdit, selon la règlementation actuelle, d’y construire un édifice pouvant abriter entre 145 et 165 logements et des « services médicaux et de santé »1. On pourrait rétorquer que l’immeuble en question ne serait pas érigé directement sur ces lots et qu’ils seraient simplement convertis en aire de stationnement, comme me l’a signifié M. Robert Cooke, consultant engagé par l’entreprise, lors d’une conversation téléphonique initié par ce dernier et qui s’est tenue le vendredi 3 juin dernier à 11 h 30.

Or comment justifier « à l’intérieur d’un secteur à caractère patrimonial identifié au règlement municipal de zonage » de la Ville où les propriétaires doivent respecter des normes très strictes quand aux travaux qu’ils peuvent effectuer sur leur résidence (fenestration, matériaux, revêtement extérieur, etc.), comment justifier qu’on puisse autoriser la démolition d’un immeuble et le déménagement d’un autre en vertu d’une conversion de ces espaces en aire de stationnement ?

Comptez-vous procéder à un changement de zonage pour ces lots, M. Bastille, dans le seul but d’accommoder un promoteur, allant ainsi à l’encontre des règlements existants et en modifiant un PPU quelques semaines à peine après son entrée en vigueur ?

1 « La grille des usages de la zone 4-Rb prévoit la modification des usages suivants : Habitation multifamiliale de 4 à 12 logements ». PPU Ville de Rivière-du-Loup, p. 21.

Les aspects environnementaux
Autres questions, M. Bastille. Est-ce que la Ville a procédé à des analyses rigoureuses quant aux aspects environnementaux de ce gigantesque projet ? Qu’est-ce qui en est de la nature du sol, de sa capacité portante considérant que l’édifice aura neuf étages? On parle d’une excavation pour accueillir deux étages de stationnement souterrains. Qu’en est-il de la nappe phréatique? Quels sont les risques réels de déstabiliser les abords de la rivière-du-Loup? Est-ce que la Ville a procédé à une étude d’impacts avant de se livrer pieds et poings liés aux desiderata d’un promoteur ?

En pleine période de réchauffement climatique allant en s’accroissant, quelle est la logique d’abattre des arbres centenaires pour faire place à une aire de stationnement considérable, créant ainsi un îlot de chaleur et une surface de ruissellement majeure, alors que les eaux de pluie et de la fonte des neiges sont actuellement absorbées par la végétation ambiante? Est-ce que le réseau et les canalisations actuelles seront en mesure d’absorber une si grande quantité d’eau de ruissellement et les eaux usées de 165 logements et de trois étages de cliniques ou de bureaux ?

Et en ce qui concerne l’abattage des arbres, la Ville ne s’apprête-t-elle pas à contrevenir à sa propre règlementation en autorisant la coupe à blanc d’un si grand nombre de végétaux ?

La circulation
La rue Saint-Louis est une rue très étroite où l’on peine déjà à croiser un autre véhicule, surtout en période hivernale. L’accès donnant sur la rue Lafontaine est déjà à risques considérant la pente et la courbe qui se situent juste avant le croisement des deux artères. Quel sera l’impact pour les résidents et pour les usagers du centre-ville de cet afflux d’automobiles alors que le projet de Medway évalue le nombre de stationnements sur le site à plus de 400 ? Encore là, est-ce que le service d’urbanisme s’est intéressé à la question. Les urbanistes ont-ils émis des réserves, ont-ils proposé des solutions? Ont-ils envisagé des moyens pour pallier cet éventuel engorgement de la rue Saint-Louis et du secteur avoisinant ?

Le patrimoine bâti
Le projet prévoit le déménagement d’une maison patrimoniale qui occupe le site où elle a été construite depuis plus de cent ans. Elle est actuellement intégrée à un environnement végétal où l’on retrouve notamment des arbres centenaires. Cet ensemble forme un tout patrimonial d’une valeur inestimable.
On prévoit déménager cette maison dans un parking, là où elle perdra une grande partie de sa valeur, suite à ce « déracinement » et à son intégration à un univers de béton et d’asphalte. Avez-vous demandé un avis à vos experts en patrimoine à la Ville quant à cette éventualité ? Les fonctionnaires responsables de ce secteur ont-ils seulement été informés de la chose ?

Les impacts sociaux
Perturber la vie d’un quartier et le tissu social qui en est la trame, imposer à des citoyens la nécessité d’un déménagement à une période où les logements abordables sont à peu près impossibles à trouver, obliger les résidents environnants à se battre quant à la perspective de voir leur vie bouleversée et perturbée, sans les consulter et sans les informer, est-cela votre vision, est-ce cela qui « découle du souhait du conseil municipal de développer un centre-ville dynamique qui met les citoyens au cœur de ses interventions » tel qu’énoncé dans le document PPU?

Une nuisance quant à la vue et la défiguration de l’image iconique de la ville
Cet édifice s’imposera dans le décor urbain, ancré au cœur d’un site naturel exceptionnel. Non seulement défigurera-t-il « l’image » de Rivière-du-Loup et sa physionomie emblématique, mais il créera un obstacle visuel pour de nombreux résidents. Autant du haut de la passerelle Frontenac et du parc de la Croix que du parc de la Chute, cet immeuble s’imposera comme une verrue au cœur d’un paysage naturel préservé. Rappelons que la Ville a déjà investi des sommes considérables pour la conversion du Platin et qu’elle s’apprête à en faire autant pour relier le quartier Saint-Ludger au parc de la Chute.

En tant que citoyen de Rivière-du-Loup ayant récemment acquis une résidence dans le secteur, je vous demande, monsieur le maire, de convoquer une rencontre d’information pour donner l’heure juste à vos commettants en ce qui concerne les tenants et aboutissants de ce projet.

Pierre Landry
Citoyen de Rivière-du-Loup, résidant de la rue Saint-Louis

Une Chambre de commerce contre les CPE ?

Plusieurs chambres de commerce de l’Est-du-Québec apportent leur soutien au personnel des Centres de la petite enfance (CPE), qui font des journées de grève afin d’obtenir de meilleures conditions de travail. C’est le cas de la Chambre de commerce et de tourisme de Gaspé, qui lance un appel à la solidarité, et celle de Sept-Iles et Uashat mak Mani-utenam, sur la Côte Nord, qui soutient aussi le mouvement de grève pour des raisons d’équité et de conditions sociales.

Mais, à Rimouski, Jonathan Laterreur, directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie de Rimouski-Neigette, n’appuie pas le mouvement de grève et « déplore que le débrayage rende la tâche des entreprises encore plus compliquée, alors qu’elles font déjà face à un manque de main-d’œuvre. » Hiiiii, pas fort, monsieur Laterreur!!! Il ne vous est pas venu à l’esprit que le manque de places en service de garde, qui résulte en grande partie des mauvaises conditions de travail offertes aux éducatrices, est l’une des raisons qui empêchent des gens de s’installer en région et qui sont à la base de la pénurie de main-d’oeuvre? Comme le manque de logement! On parle ici de transversalité des problématiques qui constituent une situation particulière. Un directeur de Chambre de commerce devrait avoir la capacité de comprendre cela.

Jonathan Laterreur est même allé jusqu’à déclarer que « les revendications des travailleurs sont une des facettes multiples du manque de place en garderie dans la région. » Une ode au cheap labor? On croit rêver!

Monsieur Laterreur devrait savoir que les CPE sont des entreprises – d’économie sociale – et qu’elles seraient en droit de s’attendre à être soutenues par la Chambre de commerce! Enlevez vos œillères!!!

Par ailleurs, j’ai été très déçu d’entendre, pendant une entrevue avec une conseillère syndicale des CPE, l’animateur de l’émission matinale de la radio de la SRC de Rimouski, Éric Gagnon, relayer les propos du d.g. de la Chambre de commerce de Rimouski en omettant de souligner les appuis de celles de Gaspé et de la Côte Nord. C’était donner de la crédibilité à quelque chose qui n’en méritait pas.

Maintenant, ce qu’il faut savoir, c’est si Jonathan Laterreur est un électron libre qui s’exprime à titre personnel tout en portant son chapeau de directeur général de la Chambre de commerce ou bien si son employeur, c’est-à-dire le conseil d’administration, endosse ses positions rétrogrades.

La question est lancée.

Jacques Bérubé, le 3 novembre 2021
jacques.hugb@gmail.com

La Covid-19 a fait une autre victime : le jugement de Marie-France Bazzo

Jacques Bérubé

HELP! On m’a changé ma Marie-France Bazzo! Ou alors quelqu’un a squatté son ordinateur — Jean-Charles Lajoie ? Sophie Durocher ? un animateur de radio poubelle de Québec ? Ben non, c’est bien Marie-France Bazzo, la Marie-France Bazzo que je trouve intelligente et posée — pas toujours, mais quand c’est le cas, c’est généralement pour une bonne cause! — qui a écrit l’article Journal des temps inédits : Détester Montréal avec, mise en exergue, la phrase : Les régions ont enfin trouvé un prétexte sanitaire, un exutoire à leur méfiance, devenue haine, envers la grande Montréal.

Même les meilleures peuvent dérailler!

LES régions, montées en un beau gros bloc homogène à l’esprit villageois, qui se méfie et qui hait Montréal. « J’ai ressenti le soupir de satisfaction du Bas-Saint-Laurent jusque dans mon cou, j’ai entendu un cri de triomphe saguenéen monter jusqu’au Stade olympique ». Bravo, Marie-France, je t’accorde ici la médaille d’or du pédalage dans la choucroute — pour reprendre l’un de mes mentors, le Concombre masqué.

Bien sûr, certaines personnes ont émis des propos regrettables, bigots même, le plus souvent dictés par l’ignorance et la peur. Ici, comme à Montréal. Mais des maires aux barricades et des tribunes incendiaires? Je n’en ai ni vus ni entendus. À moins que tu considères comme des manifestations de « haine ostentatoire » de Montréal le fait que certains élus aient demandé, par prudence, que des barrages routiers soient maintenus une ou deux semaines de plus. Généraliser comme tu le fais en disant que les régions haïssent une Montréal infectée et impure, c’est aussi crédible que de dire que tous les Montréalais roulent leurs r.

Marie-France, j’aurais aimé lire dans ton article au moins une ou deux phrases sur les « régionaleux » du domaine de la santé qui sont venus à Montréal aider les médecins, infirmières et autres préposées dans les hôpitaux et CHSLD, au risque de leur santé. Au lieu de ça, tu écris que les régions se détachent des Montréalais, de « leurs » CHSLD, de leurs travailleurs de la santé, souvent immigrants — une pincée de racisme ici — et de leurs minorités culturelles sur l’party — une cuillerée d’intolérance là. Ce bout de ton article pue le préjugé bas de gamme et le mépris!

Les CHSLD en décrépitude, ce ne sont pas ceux de Montréal, ce sont ceux du Québec tout entier et les aînés qui y souffrent et qui y meurent, ce sont NOS aînés à tous. Le gouffre que tu dis voir s’élargir entre Montréal et les régions, c’est le genre de propos que contient ton texte qui le provoque.

Je travaille dans le milieu de l’économie sociale et depuis le début de la pandémie, de tous les coins du Québec — oui oui, même dans des régions que tu pointes du doigt comme le Saguenay et le Bas-Saint-Laurent, ma région — tout ce milieu se serre les coudes pour soutenir les centaines d’entreprises collectives qui emploient des milliers de personnes qui se retrouvent au cœur d’une crise sanitaire, sociale et économique qui n’a pas de précédent. Alors, quand une personnalité publique comme toi, qui jouit d’une réputation d’intellectuelle engagée, vient lancer de telles énormités, c’est un sacré croc-en jambe à la solidarité!

Ton article est un exemple parfait des réflexions de ceux qui ne voient pas plus loin que le bout de leurs ponts. En fait, tu es dans tes écrits tout ce que tu prétends que les régions pensent de Montréal : « condescendante, hautaine, trop toutte ». Me revient en tête la chanson Ces gens-là, de Jacques Brel — Eh oui! on a déjà vaguement entendu parler de Brel, en région éloignée…

« Plusieurs Montréalais pourraient ne pas avoir envie de se frotter à cette détestation provinciale (…) Montréal se remettra à voyager, mais peut-être pas de préférence au Québec. Qui a envie d’être pris pour un ennemi? » C’est vraiment la Marie-France Bazzo que je respecte qui a écrit une telle menace cheapette de vengeance : «Bon ben, ok d’abord, tant pis, on n’ira pas dépenser notre argent chez vous, en région » ?

Tu termines ta diatribe — ou ton exutoire, pour reprendre tes mots —en affirmant : « C’est ensemble que nous pourrons nous reconstruire. Ou pas. » J’ai presqu’entendu les violons. Mais ici, Marie-France, tu sonnes faux, très faux, car les jugements que tu portes ne m’apparaissent aucunement comme ceux de quelqu’un qui voit les régions dans ce projet de reconstruction.

Un autre de mes mentors, Frank Zappa, a dit : « L’esprit, c’est comme un parachute, ça ne fonctionne que s’il est ouvert! ». Ta vision de Montréal envers les régions est périmée. Et la vision que tu prétends être celle des régions envers Montréal l’est encore plus. Et grand bien nous en fasse. À tous.

Marie-France, dans des versions préliminaires de ce texte, j’employais certains mots durs à ton égard, des mots qui m’étaient dictés par l’indignation et la colère que me provoquait la lecture de ton article. Je me suis tempéré. J’aurais aimé que tu puisses en faire autant. Et j’espère qu’aujourd’hui, tu regrettes, ne serait-ce qu’un peu, une partie de ce que tu as écrit.

Sinon, ne crains rien, nous saurons très bien reconstruire sans toi.

 

NOTE : Aujourd’hui, mercredi 20 mai, Marie-France Bazzo est revenue faire une mise au point dans sa chronique de L’Actualité. Je vous invite à lire cet addenda à sa chronique de samedi dernier : Détester Montréal.

NOTRE MAISON TOUJOURS EN FEU

Par Florence Forest-Bérubé

Je cède aujourd’hui l’espace de mon blogue à ma fille Florence, 30 ans.
Je suis touché par son texte et très fier d’elle.

Jacques Bérubé

En 2019, Greta Thunberg nous mettait en garde: OUR HOUSE IS ON FIRE. Nous avons réagi. Fortement. Brièvement. Comme trop souvent! Nous nous sommes dit: ça y est, les choses vont changer. Puis, Noël est arrivé. On a acheté des cadeaux, on les a emballés, puis déballés, on a « recyclé » pour se donner bonne conscience, puis, on a fait le virage vers 2020.

Que restait-il alors du feu? Il était pris partout en Australie. Alors, on s’est donné une nouvelle mission. Sauvons les koalas, les kangourous et tous les autres. Ça a duré quelques semaines ça aussi. Je suis certaine que plusieurs d’entre vous, comme moi, avez regardé avec tristesse les vidéos d’un des plus beaux pays du monde, ravagé par les flammes. Vous avez sûrement donné quelques dollars à des groupes d’aide aussi. Combien d’entre nous se sont rappelé les paroles de Greta Thunberg à ce moment-là? Peu… Si peu. Et pourtant, le lien pouvait difficilement être plus évident.

Depuis le mois de février, on suit les nouvelles en Chine. Le coronavirus. Ouf… Pauvre peuple chinois, décimé par un virus dont on ignore tout. Et ils sont pris à la maison. Salut Bonjour interviewait des étudiants canadiens pris dans leurs résidences à Wujan. Ils avaient hâte de rentrer à la maison.

But what we all forgot was that… our house was STILL on fire.

Ce qui se passait chez nos voisins chinois, italiens et espagnols a cogné à notre porte il y a quelques jours. Le monde entier est maintenant aux prises avec une pandémie. Si ce n’était que de nous, ça durerait deux semaines. Et comme le reste, on l’oublierait. Mais vous commencez, comme moi, à vous rendre compte que ça va durer plus longtemps que ça. On commence à avoir peur pour nos enfants, pour nos parents, nos collègues. On s’ennuie de nos patrons. Ils ne sont pas toujours commodes, mais les salutations à la machine à café, c’est un bon carburant pour partir la journée.

Alors, on est solidaires, on est beaux, on est grands. Un premier ministre provincial qui devient un véritable chef d’État; des médecins spécialistes qui abandonnent leurs spécialités pour revenir aux soins intensifs, en première ligne, pour aider leurs collègues; des infirmières qui, une fois de plus, acceptent des heures supplémentaires, qui se préparent pour la crise. Des centaines de milliers de parents qui sont à la maison avec leurs enfants, qui leur expliquent ce qui se passe, alors qu’eux mêmes ne comprennent pas. Des professeurs privés de leurs classes, des élèves privés de leurs compagnons, et parfois, malheureusement, d’une pause de la maison. Les gens restent à la maison, les artistes se tournent vers les médias sociaux pour divertir les gens. Des milliers d’entrepreneurs, restaurateurs, éducateurs, artistes, professionnels de la santé se retrouvent sans travail. Tout ça pour notre sécurité. On tente à tout prix de les aider. Oui, on est solidaires, on est beaux, on est grands. Nous allons assurément ressortir gagnants.

Pendant ce temps, la Terre prend un moment de repos, un répit de notre folie. Plus d’avions, plus de pollution, plus de surconsommation… Je nous souhaite de ressortir grandis de cette expérience traumatisante. D’apprendre. Qu’il y ait un avant et un après. Qu’on ne rallume pas le feu qu’un autre drame est en train d’éteindre. Parce que nous avions déjà oublié qu’il fallait le faire. Moi la première.

Florence Forest-Bérubé
florenceforestberube@gmail.com

 

Signons le Pacte pour la transition! Pouvoir citoyen en marche!

J’ai beaucoup de respect pour Lise Bissonnette. Elle est une grande intellectuelle et une très bonne analyste politique qui a donné beaucoup au Québec comme directrice du Devoir puis, de la Grande Bibliothèque. Mais, il peut lui arriver de déraper et de s’enfarger dans les fleurs du tapis. Sa sortie du lundi 12 novembre à l’émission Midi-Info à la radio de la SRC contre Dominic Champagne et le Pacte pour la transition était pitoyable et mesquine. En gros — et grossièrement —, elle disait voir dans cette action un geste mégalomane et unilatéral de Dominic Champagne, omettant de dire que 400 autres artistes et personnalités publiques — comme Hubert Reeves, Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations, Janette Bertrand, Richard Desjardins, Normand Baillargeon et plusieurs scientifiques réputés ont co-signé le pacte. Son collègue Yves Boisvert a tenté de tempérer et de défendre — très tièdement — le pacte, se payant la tête du couple Cloutier-Morissette par la même occasion, mais c’était trop peu, trop tard. Du sous-Bissonnette! Et du sous-Radio-Canada. J’espère que Manon Globensky, qui remplaçait ce jour-là Michel C. Auger, a eu un peu honte après ce vaudeville.

Ça m’agresse pas mal les réactions de certaines personnes — comme Lise Bissonnette, mais d’autres moins réputées — qui n’aiment pas — ou sont déstabilisées par — le Pacte pour la transition. D’autres se font forts de se vanter de faire ceci et cela dans leur quotidien pour justifier leur désolidarisation et leur refus de signer le pacte. Ne le signez pas, restez sur vos positions, mais c*** nous patience avec vos scrupules et vos attaques mal dirigées. On est 178 500 à l’avoir signé et on peut continuer sans vous.

Ceci vociféré, j’ai toujours beaucoup de respect pour Lise Bissonnette. Elle a droit comme tout le monde d’être à côté de ses pompes une fois de temps en temps…

Alors que certains comme Lise Bissonnette — il n’est pas trop tard pour changer de position, chère madame — voient le Pacte pour la transition comme une action moralisatrice centrée sur un seul porteur, d’autres, comme Marc Cassivi, le voient comme un défi, qui lui rappelle le Refus global de 1947, dans une chronique parue le 11 novembre. « Si le Pacte était un examen, je n’aurais peut-être même pas la note de passage. Heureusement, le Pacte n’est pas une injonction. C’est un défi. Que l’on peut se lancer à soi-même, si tant est que l’on en ait envie. C’est un très petit pas pour l’homme et surtout pour l’humanité (…) »

Signons ce pacte et partageons-le le plus largement possible. 106 000 signatures ont été recueillies en un peu plus de 24 heures et nous en sommes plus de 180 000 à l’avoir fait après cinq jours. Quand les gouvernements constateront que nous sommes plusieurs centaines de milliers, voire un million de personnes à l’avoir signé, ils seront bien obligés de nous obéir et de prendre des mesures pour contrer le réchauffement climatique, pour respecter la planète et la vie.

Le pacte est une extraordinaire façon de faire valoir le véritable pouvoir citoyen. Et la mobilisation citoyenne d’envergure qu’il génère facilitera la tâche des juristes qui veulent déposer un recours collectif pour forcer les gouvernements du Québec et du Canada à adopter des mesures concrètes pour stopper, notamment, l’insensé et anti-environnemental projet du pipeline Trans Mountain du gouvernement Trudeau.

En marche, citoyennes et citoyens!

Dur lendemain d’élection, mais…

Dur lendemain d’élection! Le parti le moins engagé dans la protection de l’environnement forme un gouvernement majoritaire et est en place pour quatre ans. Là où c’est intéressant, c’est que ça appelle à une vigilance et à une mobilisation qui remettront l’engagement citoyen au premier plan. Des projets comme Énergie Est et les forages sur Anticosti ou, il y a plusieurs années, un projet de centrale thermique à Beauharnois et un autre de privatisation d’une partie du parc national du Mont Mégantic pour du développement immobilier ont été abandonnés en raison des fortes pressions citoyennes. Debout!

Québec solidaire a fait élire 10 députés dont quatre à l’extérieur de Montréal, c’est un grand pas. Malgré sa déconfiture, les neuf députés qui restent du parti Québécois sont toutes des personnes de grande valeur, qui ont le coeur et la tête à gauche. Il va falloir que ces deux partis se parlent. Ils partagent trop d’objectifs communs pour ne pas mettre fin à leurs chicanes stériles qui ne servent absolument pas le bien commun. Le poids de l’opposition ne semble pas lourd devant deux partis de droite qui forment le gouvernement et la première opposition. Mais avec un grand mouvement citoyen derrière, la CAQ et le PLQ n’ont qu’à bien se tenir.

 

Votons progressiste

Dans l’optique où un mouvement populaire se forme en faveur d’un vote progressiste (pour le parti Québécois, là où Québec solidaire n’a aucune chance d’être élu et pour Québec solidaire là où le PQ ne peut espérer la victoire), voici quelques circonscriptions électorales ou un vote progressiste pourrait avoir un résultat concret.

Bien sûr, une telle stratégie est, à court terme, plus avantageuse pour le PQ, qui pourrait faire élire plus de députés, que pour QS, mais cela pourrait tout de même permettre à ce parti de faire élire 8 à 9 députés — ils sont actuellement 3 — au lieu des 5 ou 6 que prévoient tous les sondages. Des comtés comme Jean-Lesage, dans la région de Québec et Maurice-Richard, dans Montréal-Est, pourraient être remportés par QS.

Il peut être difficile pour les sympathisants de QS de voter PQ, après les attaques subies la semaine dernière de la part de Jean-François Lisée, puis par le sinistre Gilles Duceppe, mais reconnaissons que QS ne s’est pas gêné pour attaquer le PQ dans les dernières années (droite, identitaire, raciste, etc). Rappelons-leur aussi que le chef Lisée n’est pas le PQ et que Duceppe est hors-circuit depuis longtemps et qu’il ne joue plus aucun rôle en politique québécoise.

La question cruciale que doivent se poser les militants QS est : Le Québec sera-t-il mieux servi par une opposition qui comporte 7, 8 ou 9 députés solidaires et 22 à 25 députés péquistes issus de deux partis souverainistes qui ont pris des engagements en faveur de l’environnement, de l’éducation, du salaire minimum à 15 $ ou par un plus grand nombre de députés caquistes et libéraux ou peut-être même, si la division du vote progressiste perdure ou s’accentue, par un gouvernement majoritaire dirigé par l’un ou l’autre de ces partis de droite?

Pour chaque candidat PQ ou QS élu, c’est un caquiste ou un libéral de moins au gouvernement!

Les statistiques qui suivent proviennent du site tooclosetocall.ca (beaucoup plus crédible, à mon avis, que Québec125.com)

Comtés que pourrait gagner le PQ si les sympathisants QS votent PQ

POINTE-AUX-TREMBLES (Jean-Martin Aussant, pour le PQ)
PQ : 32,8  CAQ : 30,6  QS : 20,1

SAINT-JÉRÔME (Pour la CAQ, Youri Chassin, « apôtre » de la droite économique)
CAQ : 40,5 PQ : 32,7  QS 13,1

JOLIETTE (Véronique Hivon, pour le PQ)
PQ : 45,9  CAQ : 37  QS : 18

VERCHÈRES
CAQ : 37,9  PQ : 35,5  QS : 12,5

TAILLON
CAQ : 32,6  PQ : 26,9 QS : 17,8

RICHELIEU
CAQ : 38,3  PQ : 28,8  QS : 14

BEAUHARNOIS
PQ : 33,5  CAQ : 31,4  QS : 12,3

JONQUIÈRE
CAQ : 34,2  PQ : 32,8  QS : 16,2

DUBUC
PLQ : 28,2  PQ : 25,7  QS : 15,9

BERTRAND
CAQ : 37,7  PQ : 28,8  QS : 19

ÎLES-DE-LA-MADELEINE
PLQ : 39,2  PQ : 32,6  QS : 17,9

Comtés supplémentaires (en plus de 6 ou 7 prévisibles) que pourrait gagner QS si les sympathisants PQ votent QS

JEAN-LESAGE (Sol Zanetti)
CAQ 30,3  QS : 25,7  PQ : 20,7  PLQ : 20,3

MAURICE-RICHARD
PLQ : 30,3  QS : 24,2  PQ : 24,5

En conclusion, je me permets de reproduire ici un texte du créateur, metteur en scène et activiste Dominic Champagne, qui exprime parfaitement comment bon nombre d’électeurs progressistes se sentent à deux jours de l’élection de 2018.

si j’étais dans gouin je voterais pour gabriel nadeau-dubois de qs !
si j’étais dans pointe aux trembles je voterais jean-martin aussant du pq
si j’étais dans taschereau je voterais catherine dorion de qs
si j’étais dans prévost je voterais paul st-pierre plamondon du pq
si j’étais dans jean-lesage je voterais sol zanetti de qs
si j’étais dans johnson je voterais jacques tétreault du pq
si j’étais dans hochelaga-maisonneuve je voterais alexandre leduc de qs
si j’étais dans st-hyacinte je voterais pour daniel breton du pq
si j’étais dans sainte-marie saint-jacques je voterais pour manon massé
si j’étais dans joliette je voterais pour véronique hivon du pq
si j’étais dans mercier je voterais pour ruba ghazal de qs
si j’étais dans rosemont, je voterais… pour marissal et pour lisée (juste pour leur faire sentir le prix de cette division)

je ne peux pas croire que les forces progressistes 
se divisent autant 
et n’arrivent pas à s’entendre sur un minimum décent
pour que ces femmes et ces hommes de bonne volonté 
qui ont à coeur la défense du bien commun 
puissent exercer le pouvoir entre notre nom
et qu’il y ait, ne serait-ce qu’une priorité accordée
à la transition écologique, à l’éducation et à la réforme du scrutin

il y a dans les programmes de qs et du pq suffisamment de consensus
pour un beau gros mandat

en lieu et place de l’aristocratie libérale 
qu’on risque maintenant de remplacer
par les parvenus de la CAQ qui n’ont aucune considération pour l’environnement…

tout ce chamaillage me désespère…
encore une fois à cette élection
je me sens orphelin d’une force politique 
représentative de nos aspirations
susceptible de former un gouvernement majoritaire

je serai dans la rue demain à manifester pour que la planète s’impose dans cette campagne, à m’indigner contre l’engeance qui ramènera les mercenaires au pouvoir
encore une fois…

je crains fort qu’il faudra malheureusement continuer de s’indigner

mais il faudra surtout nourrir notre capacité à nous rallier

à notre capacité d’indignation devra répondre 
notre capacité de rêver ensemble
pour nourrir l’idéal de ce monde 
dans lequel nous voulons vivre

sans quoi nous continuerons de nous enliser
héritiers d’une tranquillité sans révolution
dans le confort et l’indifférence

  • Dominic Champagne

Lisée n’est pas le PQ; QS n’est pas Châteauneuf. Votons progressiste!

La phrase qui a été la plus dite ou écrite depuis quelques jours est sans nul doute : « Quelle mouche a piqué Lisée ? » Et personne, sinon lui — et encore! — n’a la réponse. Ses conseillers ont échappé ses rênes. Il a décidé seul d’aborder la dernière semaine de la campagne en loose canon, en kamikaze, pour le meilleur et pour le pire. Et il y a fort à parier que ça sera pour le pire, ce qui en dit long sur l’esprit d’équipe de ce chef qui, en bout de ligne, s’avère déficient pour son parti! Un suicide politique, ça se commet seul!

Pour dire vrai, même si je n’aime pas particulièrement Vincent Marissal, dont le parcours politique — passer du Parti libéral du Canada de Justin Trudeau à Québec solidaire — me répugne, j’en viens presque à souhaiter que Jean-François Lisée soit battu dans Rosemont pour que le Parti québécois en soit débarrassé!

Le sphinx reste imperméable aux nombreuses critiques qui fusent de toutes parts et poursuit sa pathétique croisade contre Québec solidaire, qu’il présente comme un sinistre repère de communistes assoiffés du sang des entreprises privés et des épargnes des gagne-petits. On n’est pas loin du maccarthysme ou du moins, des discours que faisaient en 1970 des dinosaures de l’Union nationale — disparue depuis! — en comparant le PQ aux communistes de Castro à Cuba.

Les récentes sorties de Lisée ne valent pas mieux que celles de Philippe Couillard quand il agite les spectres d’un référendum ou des expulsions d’immigrants. Petite politique, politique de peur, politique mesquine. Et Lisée l’a prouvé pendant la course à la chefferie du PQ, il peut être très mesquin et sournois quand il croit que cela peut le servir. Associer son adversaire Alexandre Cloutier, un militant digne et intègre, à l’imam radical Adil Charkaoui était un coup bas qui l’a servi, lui, bien plus que son parti. Et c’est encore ce qu’il fait aujourd’hui; il attaque à sa gauche et se fait dépasser par la droite et son plan de match nuit à plusieurs candidates et candidats du PQ. Jacques Parizeau aurait dit de Lisée qu’il s’auto-peluredebananise!

Que Québec solidaire abrite dans ses hautes sphères décisionnelles quelques porteurs égarés — pour ne pas dire attardés — d’idéologies marxiste, trotskyste ou tuttiquantiste d’extrême gauche est très probable; le PQ n’a pas l’exclusivité des relents passéistes et il ne faut pas être le pogo le plus dégelé de la boîte pour comprendre ça. Mais présenter ce parti issu de la fusion de plusieurs mouvements de gauche comme un parti marxiste téléguidé par un quelconque politburo relève de la paranoïa. C’est du même coup considérer des gens comme les ex-députés Amir Khadir et Françoise David et les Manon Massé, Gabriel Nadeau-Dubois et autres Catherine Dorion comme de vulgaires pions manipulés par un pouvoir occulte. C’est méprisant!

Non, Québec solidaire ne se prépare pas à ancrer le cuirassé Potemkine devant le port de Montréal et ses membres auront toujours la possibilité de renvoyer les vieux chefs ronger leur frein dans les oubliettes de leur courte histoire.

Ce que devra aussi faire le PQ au lendemain de l’élection du 1er octobre.

Résignons-nous, le Québec sera dirigé pendant un certain temps par un gouvernement de droite, qui sera de la CAQ ou du PLQ, mais il y a de fortes chances que ce gouvernement soit minoritaire. Il est donc important que les deux partis plus à gauche sur l’échiquier politique, le PQ et QS, constituent une balance du pouvoir solide.

Que le Parti québécois soit relégué à la position de deuxième opposition avec moins de vingt députés élus n’est pas un drame en soi, pourvu que restent dans la frêle barque — car c’est bien ce qu’est devenu le PQ — les Véronique Hivon, Jean-Martin Aussant et Catherine Fournier, pour nommer les plus connus, et des députés de cœur comme Martin Ouellet, dans René-Lévesque, sur la Côte Nord, Harold LeBel, dans Rimouski — reconnu par l’ensemble des députés de l’Assemblée nationale comme celui qui représente le mieux son comté — et plusieurs autres, des personnes intègres, résolument à gauche, au moins autant que plusieurs candidats et candidates QS, qui méritent pleinement d’être élus dans leur comté respectif. Ce sont de telles personnes qui pourront dépoussiérer la demeure du PQ et la débarrasser de ses fantômes agitateurs de vieilles peurs pour remettre le parti sur les rails qui mènent à la véritable social-démocratie dont les Boisclair, Marois, Péladeau et autres Drainville l’ont éloigné. Remarquez que je ne place pas Jean-François Lisée parmi ces derniers, car je le considère, malgré tous ses défauts, comme un véritable homme de gauche. Ce n’est pas là que réside son principal problème. Il n’est pas le capitaine dont ce parti a besoin pour se reconstruire, il n’est pas un rassembleur.

Ce capitaine, « cette capitaine », devrais-je dire, est déjà en place. Elle s’appelle Véronique Hivon.

Jean-François Lisée a prouvé dans la dernière semaine qu’il était trop vaniteux et orgueilleux pour lancer un cri de ralliement aux votants, principalement aux jeunes de 18 à 34 ans qui, selon certains sondages, seraient tentés de voter pour les libéraux ou la CAQ, pour les inciter à « voter progressiste ». Ses récentes attaques contre QS rendent caduque une initiative populaire, solidaire et surtout très humble qui aurait peut-être pu mener à des résultats surprenants.

Souhaitons maintenant que les jeunes et les plus vieux dont le cœur bat toujours à gauche fassent le choix par eux-mêmes, sans avoir d’appel en ce sens, de VOTER PROGRESSISTE, quitte à faire un petit saut vers la gauche ou vers le centre. Les partis ne veulent pas faire d’alliances stratégiques ? Bloquons alors la droite sur une base individuelle en votant pour le PQ là où Québec solidaire n’a aucune chance de remporter l’élection et où des courses serrées se jouent entre la droite et le PQ — par exemple à Saint-Jérôme, où il faut bloquer Youri Chassin, apôtre de la droite économique de la CAQ, à Pointe-aux-Trembles et Marie-Victorin, là où Jean-Martin Aussant et Catherine Fournier doivent être élus et à Rimouski, avec Harold LeBel. Et en votant QS là où le PQ n’a aucune chance et que Québec solidaire est en position de victoire, comme dans la région de Québec, dans Taschereau, pour Catherine Dorion, et dans Jean-Lesage, pour Sol Zanetti, ou dans la circonscription de Maurice-Richard, dans Montréal-Est, pour Raphaël Rebelo.

Pour tout péquiste ou solidaire élu, c’est un caquiste ou un libéral de moins au gouvernement. Et n’oublions pas que Jean-François Lisée n’est pas le PQ, pas plus que Québec solidaire n’est son chef, dit trotskyste, Gaétan Châteauneuf.

Coups de gueule, élections 2018

Je reprends le stylo pour vous livrer quelques thérapeutiques coups de gueules sur la campagne qui nous mènera aux élections du 1er octobre. N’hésitez pas à partager ce texte — si vous partagez bien sûr mes opinions.

J’ajouterai de courts textes au fur et à mesure qu’avancera la campagne. Ils sont placés du dernier au premier, vous pouvez donc les lire en partant de la fin ou du début, comme vous voulez. Et vos commentaires sont toujours les bienvenus.

Je vous invite aussi à lire — ou à relire — mon article de 2014  Lettre à ma fille, désarroi et désillusion, écrit suite à l’élection du PLQ cette année-là, qui dresse un portrait bien personnel des 35 dernières années dans la politique québécoise.

 

18 septembre

Le parti libéral vous entend!

Dans une nouvelle publicité, des candidats du parti libéral s’adressent aux électeurs. Dominique Anglade promet 300$ par enfant par année (82 cennes par jour…) et sur les soins aux aînés, Gertrude Bourdon dit « On vous entend! ». En cela, elle serait une digne successeure du ministre Barrette; entendre, c’est la faculté de percevoir par l’ouïe, écouter, c’est prêter attention, recueillir des témoignages, des informations… Depuis 15 ans, le parti libéral vous entend!

 

17 septembre

Legault, je ne te donne pas le go!

Je regarde François Legault en entrevue au téléjournal et je réalise que j’ai autant envie de l’avoir comme Premier ministre du Québec que j’avais envie d’avoir Stephen Harper comme PM du Canada…

La CAQ veut rouvrir le Parc national du Mont-Tremblant aux motoneiges.

La CAQ veut reprendre les forages pétroliers et gaziers sur l’Île Anticosti.

François Legault, chef incontesté de la CAQ, s’est toujours dit favorable à la construction du pipe-line Énergie Est qui passait sous le fleuve et 800 cours d’eau du Québec pour exporter à l’étranger le pétrole des sables bitumineux de l’Alberta. Ce projet a été abandonné suite aux nombreuses contestations citoyennes et politiques. Que ferait François Legault s’il était élu ?

4 septembre

Message à Amir Khadir, député retraité de Québec solidaire

Bonjour Monsieur Amir,
Juste quelques mots pour vous dire que j’ai beaucoup apprécié vos observations sur la campagne dans le Devoir de ce matin. Quand vous dites : « [Le parti] doit concentrer ses efforts dans les comtés où il a des chances de faire des bons scores sinon de surprendre, — et moi j’en vois au moins une dizaine si n’est pas une quinzaine — […] plutôt que de s’éparpiller à travers le Québec
Je sais que QS a refusé de faire des alliances avec le PQ et je comprends bien cette position. Mais en tant que parti de gauche, QS devrait faire ce qu’il faut pour empêcher que des gens véritablement de gauche qui sont toujours au sein du PQ soient battus par des CAQ. Je pense bien sûr (et vous le savez déjà) à Jean-Martin Aussant et Véronique Hivon, dans Pointe-aux-Trembles et Joliette, mais aussi au candidat du PQ dans St-Jérôme que je ne connais pas, mais on est ici dans la dynamique contraire, c’est-à-dire empêcher l’élection d’un apôtre de la droite comme Youri Chassin! Dans ces trois comtés, QS est à 7, 8 ou 10% dans les intentions de vote et n’a donc aucune chance de l’emporter, mais ce pourcentage est juste assez élevé pour avoir un impact réel sur l’élection : un caquiste ou un péquiste (de gauche). De même, dans des comtés comme Laurier-Dorion, Maurice-Richard où le PQ n’a aucune chance alors que QS pourrait l’emporter, le PQ devrait favoriser l’élection du candidat solidaire. Même dans Taschereau, où la lutte est très serrée, le PQ, qui est 3e, pourrait — devrait — aider à ce qu’une personne de la valeur de Catherine Dorion soit élue.
Maintenant, comment faire cela sans qu’il y ait d’alliance formelle? Bonne question! Les candidats en 3e place font une campagne moins présente? Ils recommandent à ceux qui les appuient de faire un choix qui aidera la circonscription à avoir le ou la meilleur-e député parmi les candidats qui ont de réelles possibilités d’élection.
Bien sûr, il y a la fameuse question du 15 % de vote qui permet un remboursement des dépenses du candidat. Mais on est ici dans une question financière qui ne devrait même pas valoir quand on parle d’intérêt supérieur de la nation.
Chose certaine, le Québec sera toujours mieux avec plus de députés QS et plus de péquistes de gauche que de caquistes et de libéraux. Et si la tendance actuelle vers la droite (que ce soit la CAQ ou le PLQ blanc bonnet-bonnet blanc) ne peut pas être inversée, des stratégies d’élection de QS et du PQ pourraient donner un gouvernement minoritaire où les partis qui ont peu de candidats ont une force réelle qu’on appelle la balance du pouvoir.
Merci de m’avoir lu, bonne journée.

 

31 août

Opportunisme crasse à Pointe-aux-Trembles 

L’élection dans Pointe-aux-Trembles est du genre à écœurer les gens, les jeunes particulièrement, du processus même de voter. Une véritable caricature de démocratie. La candidate de la CAQ est Chantal Rouleau, qui a été élue en novembre dernier mairesse d’arrondissement avec ce qui reste de l’équipe Coderre. Aujourd’hui, elle dit aux gens : « vous m’avez élue mairesse il y a 10 mois, mais finalement, j’ai peut-être plus envie d’être député! Si je gagne, je démissionnerai de la mairie et vous paierez pour une autre élection et je serai votre député. Mais si je perds, je resterai votre mairesse ».  L’opportunisme le plus crasse! Aucune éthique, aucun respect, une seule conviction : être élue au poste qui lui donnera le plus de pouvoir, celui qui servira le mieux son image.

Mairesse d’arrondissement, pffff, de la petite bière, député, c’est bien mieux! Déjà en 2013, Chantal Rouleau avait quitté le parti Vision Montréal pour qui elle avait été élue en 2010, pour se joindre à l’Équipe Coderre, qui pointait alors dans les sondages en vue de l’élection municipale de 2014… Vous avez dit opportuniste ?

C’est Jean-Martin Aussant qui est actuellement deuxième dans Pointe-aux-Trembles, environ 3 points derrière « la mairesse », selon les sondages. Et Québec solidaire ferme la marche avec environ 10% des intentions de vote. Sans parler ici d’alliance, ce dont QS ne veut rien savoir, les militants devraient faire une démarche personnelle pour contrer cette mascarade de démocratie. Et ceux qui désertent un parti ou un autre et ont choisi la CAQ pour « avoir du changement » devraient aussi se questionner sur cette candidate opportuniste. Est-ce vraiment ce genre de changement qu’ils veulent?