Coups de gueule estivaux

Il fait beau une journée, il pleut le lendemain. Il refait beau, il repleut. Bref, toutes les conditions sont en place pour qu’on ait un été 2025 très propice aux moustiques suceurs de sang et ce, surtout quand, comme c’est mon cas, on vit sur le bord d’un lac entouré de forêt.

Et parlant bibittes, il y en a d’autres qui s’affairent à nous faire rager bien plus par leur bêtise que celles qui nous piquent; je nomme ici plus particulièrement les élu-es du gouvernement en déroute, que dis-je, en down hill à haute vitesse vers une éjection historique aux élections d’octobre 2026, celui de François Legault.

Voici donc mes coups de gueule de ce début d’été 2025 que j’intitule Bienvenue au CAQuistan, expression emprunté à mon ami historien et chroniqueur au Devoir, Jean François Nadeau.

12 juin
Journée typiquement caquiste en ce 12 juin! Le gouvernement Legault ramène son projet électoraliste éléphant blanc de troisième lien, sans pouvoir dire où il débouchera à Québec et encore moins combien il coûtera, et annonce du même coup qu’il refuse des funérailles nationales à Victor-Lévy Beaulieu.

Mais on mettra les drapeaux de l’assemblée nationale en berne le jour de ses funérailles!

Minable! Honteux!

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14 juin
Du gros n’importe quoi! Comme de plus en plus et trop souvent! François Legault a depuis longtemps renié ses convictions indépendantistes pour plutôt se vautrer dans un nationalisme identitaire électoraliste qui pue le racisme et l’intolérance. Et maintenant, à Paris, comme pour se justifier et se complaire dans sa rétroaction politique, il s’autorise à réinterpréter le « Vive le Québec libre » du général De Gaulle, en 1967, à Montréal.

« Je pense que René Lévesque l’a pris au premier degré, c’est correct, mais c’était aussi pour dire que le peuple [québécois], la nation québécoise doit s’affirmer dans le Canada. »

Du gros n’importe quoi! Comme de plus en plus et trop souvent!

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24 juin (ici, je lance un coup de chapeau plutôt qu’un coup de gueule, suite au décès de Serge Fiori…)

Le décès de Serge Fiori me ramène à une histoire arrivée au début août 1977, histoire que je me suis toujours trouvé très très chanceux d’avoir vécue.

Au retour d’un long périple sur le pouce du Bas Saint-Laurent jusqu’à l’île du Prince-Édouard en passant par Shediac, au Nouveau Brunswick, puis de l’Île jusqu’à Montréal, j’étais allé un soir, avec des amis, à la Fête des Voisins, à Laval, qui se tenait dans un très grand parc. Il y avait, ce soir-là, 200 000 personnes dans ce parc si grand qu’il y avait deux scènes, une à chacune de ses extrémités. Mes amis et moi étions près de la scène où allaient jouer, l’un après l’autre, Louise Forestier, le groupe Lougarou, qui allait devenir Garolou, Diane Dufresne et finalement, Harmonium.

Au tout début du spectacle d’Harmonium, Serge Fiori nous dit, presque solennel : « Ça nous fait très plaisir de jouer ici ce soir, car c’est notre dernier spectacle au Québec. Nous partons en tournée en Europe et après, nous arrêtons ». Je me souviens comment tout le monde alors se regardait, incrédules, comme si ce que nous venions d’entendre ne se pouvait tout simplement pas. Ils étaient au sommet du succès et ils n’avaient produit que trois disques. Trop tôt. Voyons donc, on a mal compris… c’est pas ça qu’il a dit…

Avant même que nous ayons pu reprendre nos esprits, Fiori poursuit : « Nous allons jouer ce soir beaucoup de chansons, dont certaines plus vieilles comme celle-ci » et il enchaîne avec Pour un instant.

Beaucoup de chansons, qu’il avait dit. Et comment! Nous avons, ce soir-là, reçu, trippé, dégusté, emmagasiné toutes les chansons des deux premiers albums et toutes les meilleures pièces de L’Heptade; deux heures et demi de musique que nous serions, au Québec, les derniers à voir.

Vous comprenez pourquoi je pense depuis 48 ans et que j’écris ce soir que je suis très très chanceux d’avoir vécu cette soirée.

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27 juin
Comme à chaque année, à l’approche du 1er juillet, on nous parle des nombreuses familles et personnes qui seront toujours à la recherche d’un appartement à cette date. Si les locataires avaient suivi le très avisé conseil de la propriétaire et, accessoirement, ministre de l’Habitation France-Élaine Duranceau et avaient investi en immobilier, tout le monde aurait son petit nid douillet le 1er juillet. Que la vie est belle au CAQuistan!

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3 juillet
Je viens de recevoir une annonce d’Amazon m’offrant de me protéger contre les arnaqueurs. On ne précise pas s’il est question de Jeff Bezos ou de l’un de ses semblables…

4 juillet
Comme il va nous faire du bien de montrer la porte à cette ministre de l’Habitation, bien plus ministre des propriétaires de logements (ce qu’elle est elle-même) que des locataires. Faut-il être assez décrochée de la réalité pour émettre une telle grossièreté.

https://www.facebook.com/reel/1071339181621501

Bienvenue au CAQuistan!

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8 juillet
La ministre des Transports et du Troisième Lien, Geneviève Guilbault, dit avoir besoin d’ici le 16 juillet de 275 millions $ pour poursuivre le projet qu’on estime maintenant aux environs de 10 milliards $ et qui, faut-il vraiment le rappeler, n’est appuyé par aucune étude sérieuse d’experts. C’est un projet en tous points électoraliste pour un parti qui sera éjecté du pouvoir dans moins de 15 mois.

Pendant ce temps, de l’aut’ bord du fleuve, le jovialiste ministre Drainville jongle avec des coupures de plus de 530 millions en éducation, principalement dans les services aux élèves.

Eh oui, encore une fois, tout le monde ensemble :

Bienvenue au CAQuistan!

Mais n’oublions pas que le CAQuistan sera bientôt démantelé…

Je vous souhaite un très bel été. Merci de me lire!

Une réflexion sur “Coups de gueule estivaux

  1. Avatar de Portelance Christine Portelance Christine dit :

    Hier, il faisait chaud collant, ce matin il pleut à verse, mais c’est mieux qu’à Marseille.

    Dans ton survol du Caquistan, tu as oublié la déclaration pompeuse de Legault qui se dit content de son legs (ce qui lui a valu une caricature dans Le Devoir).

    Ton intervention m’a fait penser à l’interview que Denys Arcand à donné à J-F Nadeau en mai:

    On regarde M. Legault, qui a pourtant l’air d’un homme raisonnable, s’acharner pour un troisième lien https://www.ledevoir.com/politique/quebec/877084/reserve-argent-troisieme-lien-grossit-malgre-finances-publiques-rouge?utm_source=recirculation&utm_medium=hyperlien&utm_campaign=corps_texte… » Un nationaliste-conservateur pareil, un peu dans la lignée de Duplessis, aurait bien pu demeurer au pouvoir pendant des décennies, pense Arcand. « Il y a toujours eu une place pour des nationalistes qui se présentent comme des gens raisonnables, même si je n’ai jamais été enthousiaste à l’égard de Duplessis. Mais peut-on un instant imaginer que Duplessis se serait entêté, lui, pour une affaire aussi insensée que le « troisième lien »https://www.ledevoir.com/troisieme-lien?utm_source=recirculation&utm_medium=hyperlien&utm_campaign=corps_texte” ? Qui s’acharnerait ainsi, d’ailleurs ? Eux, ils continuent malgré tout de foncer dans le mur. Et nous, on est là, à nous creuser la tête devant ça, à essayer de comprendre ce qu’ils font, où ils vont, avec le troisième lien, avec Northvolt https://www.ledevoir.com/environnement/878386/northvolt-laisse-fuir-contaminants-vers-riviere-richelieu?utm_source=recirculation&utm_medium=hyperlien&utm_campaign=corps_texte, etc. Ils nous rendent fous. »
    Et Denys Arcand de citer Sophocle : « Les dieux rendent fous ceux qu’ils veulent perdre. »

    à bientôt

    C


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