Lisée n’est pas le PQ; QS n’est pas Châteauneuf. Votons progressiste!

La phrase qui a été la plus dite ou écrite depuis quelques jours est sans nul doute : « Quelle mouche a piqué Lisée ? » Et personne, sinon lui — et encore! — n’a la réponse. Ses conseillers ont échappé ses rênes. Il a décidé seul d’aborder la dernière semaine de la campagne en loose canon, en kamikaze, pour le meilleur et pour le pire. Et il y a fort à parier que ça sera pour le pire, ce qui en dit long sur l’esprit d’équipe de ce chef qui, en bout de ligne, s’avère déficient pour son parti! Un suicide politique, ça se commet seul!

Pour dire vrai, même si je n’aime pas particulièrement Vincent Marissal, dont le parcours politique — passer du Parti libéral du Canada de Justin Trudeau à Québec solidaire — me répugne, j’en viens presque à souhaiter que Jean-François Lisée soit battu dans Rosemont pour que le Parti québécois en soit débarrassé!

Le sphinx reste imperméable aux nombreuses critiques qui fusent de toutes parts et poursuit sa pathétique croisade contre Québec solidaire, qu’il présente comme un sinistre repère de communistes assoiffés du sang des entreprises privés et des épargnes des gagne-petits. On n’est pas loin du maccarthysme ou du moins, des discours que faisaient en 1970 des dinosaures de l’Union nationale — disparue depuis! — en comparant le PQ aux communistes de Castro à Cuba.

Les récentes sorties de Lisée ne valent pas mieux que celles de Philippe Couillard quand il agite les spectres d’un référendum ou des expulsions d’immigrants. Petite politique, politique de peur, politique mesquine. Et Lisée l’a prouvé pendant la course à la chefferie du PQ, il peut être très mesquin et sournois quand il croit que cela peut le servir. Associer son adversaire Alexandre Cloutier, un militant digne et intègre, à l’imam radical Adil Charkaoui était un coup bas qui l’a servi, lui, bien plus que son parti. Et c’est encore ce qu’il fait aujourd’hui; il attaque à sa gauche et se fait dépasser par la droite et son plan de match nuit à plusieurs candidates et candidats du PQ. Jacques Parizeau aurait dit de Lisée qu’il s’auto-peluredebananise!

Que Québec solidaire abrite dans ses hautes sphères décisionnelles quelques porteurs égarés — pour ne pas dire attardés — d’idéologies marxiste, trotskyste ou tuttiquantiste d’extrême gauche est très probable; le PQ n’a pas l’exclusivité des relents passéistes et il ne faut pas être le pogo le plus dégelé de la boîte pour comprendre ça. Mais présenter ce parti issu de la fusion de plusieurs mouvements de gauche comme un parti marxiste téléguidé par un quelconque politburo relève de la paranoïa. C’est du même coup considérer des gens comme les ex-députés Amir Khadir et Françoise David et les Manon Massé, Gabriel Nadeau-Dubois et autres Catherine Dorion comme de vulgaires pions manipulés par un pouvoir occulte. C’est méprisant!

Non, Québec solidaire ne se prépare pas à ancrer le cuirassé Potemkine devant le port de Montréal et ses membres auront toujours la possibilité de renvoyer les vieux chefs ronger leur frein dans les oubliettes de leur courte histoire.

Ce que devra aussi faire le PQ au lendemain de l’élection du 1er octobre.

Résignons-nous, le Québec sera dirigé pendant un certain temps par un gouvernement de droite, qui sera de la CAQ ou du PLQ, mais il y a de fortes chances que ce gouvernement soit minoritaire. Il est donc important que les deux partis plus à gauche sur l’échiquier politique, le PQ et QS, constituent une balance du pouvoir solide.

Que le Parti québécois soit relégué à la position de deuxième opposition avec moins de vingt députés élus n’est pas un drame en soi, pourvu que restent dans la frêle barque — car c’est bien ce qu’est devenu le PQ — les Véronique Hivon, Jean-Martin Aussant et Catherine Fournier, pour nommer les plus connus, et des députés de cœur comme Martin Ouellet, dans René-Lévesque, sur la Côte Nord, Harold LeBel, dans Rimouski — reconnu par l’ensemble des députés de l’Assemblée nationale comme celui qui représente le mieux son comté — et plusieurs autres, des personnes intègres, résolument à gauche, au moins autant que plusieurs candidats et candidates QS, qui méritent pleinement d’être élus dans leur comté respectif. Ce sont de telles personnes qui pourront dépoussiérer la demeure du PQ et la débarrasser de ses fantômes agitateurs de vieilles peurs pour remettre le parti sur les rails qui mènent à la véritable social-démocratie dont les Boisclair, Marois, Péladeau et autres Drainville l’ont éloigné. Remarquez que je ne place pas Jean-François Lisée parmi ces derniers, car je le considère, malgré tous ses défauts, comme un véritable homme de gauche. Ce n’est pas là que réside son principal problème. Il n’est pas le capitaine dont ce parti a besoin pour se reconstruire, il n’est pas un rassembleur.

Ce capitaine, « cette capitaine », devrais-je dire, est déjà en place. Elle s’appelle Véronique Hivon.

Jean-François Lisée a prouvé dans la dernière semaine qu’il était trop vaniteux et orgueilleux pour lancer un cri de ralliement aux votants, principalement aux jeunes de 18 à 34 ans qui, selon certains sondages, seraient tentés de voter pour les libéraux ou la CAQ, pour les inciter à « voter progressiste ». Ses récentes attaques contre QS rendent caduque une initiative populaire, solidaire et surtout très humble qui aurait peut-être pu mener à des résultats surprenants.

Souhaitons maintenant que les jeunes et les plus vieux dont le cœur bat toujours à gauche fassent le choix par eux-mêmes, sans avoir d’appel en ce sens, de VOTER PROGRESSISTE, quitte à faire un petit saut vers la gauche ou vers le centre. Les partis ne veulent pas faire d’alliances stratégiques ? Bloquons alors la droite sur une base individuelle en votant pour le PQ là où Québec solidaire n’a aucune chance de remporter l’élection et où des courses serrées se jouent entre la droite et le PQ — par exemple à Saint-Jérôme, où il faut bloquer Youri Chassin, apôtre de la droite économique de la CAQ, à Pointe-aux-Trembles et Marie-Victorin, là où Jean-Martin Aussant et Catherine Fournier doivent être élus et à Rimouski, avec Harold LeBel. Et en votant QS là où le PQ n’a aucune chance et que Québec solidaire est en position de victoire, comme dans la région de Québec, dans Taschereau, pour Catherine Dorion, et dans Jean-Lesage, pour Sol Zanetti, ou dans la circonscription de Maurice-Richard, dans Montréal-Est, pour Raphaël Rebelo.

Pour tout péquiste ou solidaire élu, c’est un caquiste ou un libéral de moins au gouvernement. Et n’oublions pas que Jean-François Lisée n’est pas le PQ, pas plus que Québec solidaire n’est son chef, dit trotskyste, Gaétan Châteauneuf.

Rhétorique, démagogie, opportunisme et… accessibilité

Par Jacques Bérubé

La rhétorique au service de la propagande
50 cennes par jour..! Le PLQ, sous le règne de Jean Charest, montre encore une fois, par l’utilisation de ce slogan populiste et combien mensonger, tout ce qu’il est prêt à faire pour se gagner l’opinion publique, tout autant que la vision économiste qu’a son gouvernement de l’éducation. Une fois partis, allons-y donc pour « Étudiez maintenant et payez dans un an » ou pourquoi pas, « Faites un baccalauréat, ajoutez une cenne et obtenez en deux ».

La même distorsion des faits par les mots employés s’applique quand ils parlent du financement des universités plutôt que de la hausse des frais de scolarité.

Parlons d’équité.
Qui osera prétendre qu’un projet qui fait payer davantage, année après année, les jeunes d’une société est équitable ? Puisque cela semble être le langage privilégié par le gouvernement Charest, laissons parler les chiffres. Dans l’éventualité où s’appliquerait la hausse ascenseur que le gouvernement veut imposer aux étudiants à partir de l’automne prochain, un jeune qui débuterait en 2012 subirait une hausse — s’ajoutant, ne l’oublions jamais, aux frais déjà établis — de 255 $ pour sa première année, puis, de 510 $ et de 765 $ pour les deux suivantes, pour un total de hausse de 1 920 $ pour trois ans. Celui qui commencerait en 2015 se taperait des augmentations de 1020 $, 1275 $ et 1530 $, pour une hausse totale de 3825 $, soit pratiquement le double de notre premier exemple, celui qui a terminé — si tout a bien été ! — au printemps 2015. Par la suite, chaque année d’université coûterait, selon le plan Charest-Beauchamp, 1785 $ de plus qu’aujourd’hui, donc 5355 $ pour trois ans et 7140 $ pour quatre ans.

Et ce calcul ne nous dit pas quelle partie de ces frais s’ajoutera à l’endettement déjà important des étudiants. Chaque ville du Québec n’est pas dotée d’une université; Montréal en a quatre, dont deux sont, pour ainsi dire, réservées à des « clientèles » — ici, ce mot s’applique vraiment — très aisées, Québec en a une, Sherbrooke en a deux — dont l’une, francophone, possède un campus, combien chic, à Longueuil — puis, le réseau des Universités du Québec, avec une quinzaine d’établissements, campus et centres spécialisés. Donc, en tout et partout, un peu plus de 20 institutions universitaires pour approximativement 1 200 municipalités, villages, villes, cantons et paroisses, disséminés dans un territoire immense, divisé en 17 régions administratives. Un très grand nombre d’étudiants doivent donc s’installer, pour quelques années, dans une ville dotée d’une université et payer, le plus souvent le gros prix, pour un logement, ses frais de subsistance et de loisirs et, oui, pour son iPhone — un outil de travail et de communication, quoi qu’on en dise ou en pense, son service Internet et le reste.

Si au moins on avait le courage politique et social d’admettre qu’avec un tel projet de hausse des frais de scolarité, notre société refuse que ceux qui ont aujourd’hui 20 ans et moins bénéficient du même régime d’accessibilité aux études que les dernières générations et qu’ils seront ceux qui paieront pour des incuries administratives dans les gestion des universités et pour le maintien des cadeaux fiscaux faits aux grandes entreprises et aux banques par les gouvernements.

Opportuniste ? Qui est opportuniste ?
La semaine dernière, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, a annoncé que, s’il était élu, son parti ne ferait qu’indexer les frais de scolarité, en lieu et place de la hausse de 82 % prônée par les libéraux de Jean Charest. Il n’en fallait pas plus pour que de partout, les tenants de la hausse se lancent dans une pluie d’insultes de tout acabit envers le PQ. Et le mot qui revenait le plus souvent était opportunisme.

Désolé, mais, ce projet est tout sauf opportuniste. Et mon affirmation n’est en rien partisane. En politique, on est opportuniste quand on adopte des positions qui vont « dans le sens du vent », c’est-à-dire qui visent à racoler des électeurs en leur serinant ce qu’ils veulent bien entendre. Or, avec toute la désinformation que fait le Parti libéral depuis le début de la crise étudiante, celui-ci a, sans contredit réussi à faire qu’aujourd’hui, une majorité de Québécois sont en faveur d’une hausse importante des frais de scolarité. Selon les derniers sondages, près de 70 % de la population appuie la position gouvernementale de hausser les frais de scolarité. Alors, qu’on ne vienne pas dire que le PQ est opportuniste en prenant une position qui, à ce stade-ci, va à l’encontre de l’opinion générale. C’est même tout le contraire de l’opportunisme.

Le PQ propose une disposition qui représente ni plus ni moins qu’un choix de société. Une société qui décide de sortir du lot nord-américain, en prenant des positions qui, à l’instar de plusieurs pays d’Europe, favorisent l’accessibilité aux études supérieures.

Une société qui se respecte et surtout, qui respecte ses jeunes, ne devrait pas prendre la voie que veut lui imposer son gouvernement sortant, qui vise à faire payer ceux-ci de plus en plus cher, année après année, leurs études universitaires. Les conséquences à moyen et à long terme pour notre société seraient lourdes à porter.

Dire NON à une hausse de 75% des frais de scolarité

Par Jacques Bérubé

La langue de bois a toujours sa place bien au chaud au gouvernement du Québec. De passage à l’émission Tout le monde en parle, la ministre de l’Éducation, Line Beauchamp, n’a à peu près jamais parlé de hausse des frais de scolarité pour les étudiants universitaires, mais plutôt de la hausse du financement des universités. J’appelle cette manière de dire que le sous-financement des universités est dû aux étudiants, qui paieraient depuis trop longtemps des frais de scolarité trop bas, un argumentaire de bas étage, servant plus à détourner les regards du laxisme du gouvernement Charest dans l’administration de l’éducation depuis son arrivée au pouvoir, en 2003.

Le gouvernement Charest n’a su empêcher l’UQAM de se crasher dans un désastre d’incompétence et d’incurie administrative, l’Îlot Voyageur, qui a englouti en pure perte plus de 500 millions. Il n’a pas plus bronché quand les deux principaux responsables de ce projet, recteur et vice-recteur, ont quitté en empochant plus de 300 000 $ en primes de séparation ou quand une autre université sous-financée, Concordia, a payé 1,7 million à ses deux derniers recteurs, partis après avoir été deux ans seulement en poste.

À elles seules, ces sorties incontrôlées représentent plus de 300 000 fois la hausse annuelle de 1625 $ que le gouvernement veut maintenant enfoncer dans la gorge des étudiants, devenus des ennemis de l’État.

Personne ne devrait accepter que le gouvernement du Québec impose une hausse de 75 % des frais de scolarité aux étudiants universitaires. PERSONNE! Qu’Hydro-Québec se ramène demain avec une hausse de 75% des tarifs aux usagers et nous assisterons aussitôt à une levée de boucliers sans précédent.
Mais les étudiants, ah, les étudiants…

Ils ont tous un iPhone!
Y a-t-il un âge et un statut social qu’il faudrait avoir atteint avant de pouvoir utiliser les technologies numériques, technologies qui, de surcroît, sont utilisées de façon formelle et efficiente dans les études et le travail ?

Ils paient moins cher qu’ailleurs au Canada…
Est-ce que le fait que les frais de scolarité au Québec soient parmi les plus bas en Amérique du Nord ne devrait pas être une source de fierté nationale plutôt qu’une simple donnée statistique de comparaison ? Est-ce que les Québécois ne devraient pas clamer leur fierté de faire partie des pays qui, comme plusieurs en Europe, investissent dans « l’actif » à long terme que sont les étudiants, plutôt que de vouloir être comparés à d’autres provinces canadiennes ou à des pays capitalistes et élitistes comme les États-Unis?

De plus en plus de voix s’élèvent pour demander au gouvernement Charest de s’asseoir avec les représentants étudiants pour négocier une solution mitoyenne. Peu de gens, dans les faits, s’opposent à une certaine hausse, raisonnable, des frais de scolarité. Mais celle promulguée par Jean Charest est de nature à rendre de moins en moins accessible les études universitaires. Et, de grâce, qu’on ne claironne pas que cette hausse sera compensée par une augmentation des prêts et bourses — dans une proportion 90% prêt/10% bourse — parce que cela ne changera rien à la situation d’endettement à long terme dans laquelle cette mesure antisociale installera les étudiants.

Le plus odieux de cette saga, c’est que tous les membres du gouvernement libéral qui, sous le faux prétexte de vouloir responsabiliser financièrement les étudiants, instaureront cette hausse abusive des frais de scolarité, ont eux-mêmes bénéficiés de ces bas taux pour se rendre là où ils sont.

Les libéraux ne casseront pas, alors, cassons les libéraux! Si Jean Charest et Line Beauchamp sont si persuadés d’avoir raison, qu’ils aillent en élection. Ils seront jugés par la population, non seulement sur cette position rigide et dangereuse, à court terme, pour l’avenir du Québec, mais sur l’ensemble de leur bilan.

Neuf ans!

Par Jacques Bérubé

Neuf ans, voilà ce qui semble être devenu le cycle de rotation du pouvoir au Québec. Selon les derniers sondages et surtout, selon toute pertinence — commentaire non-partisan —, le parti Québécois reprendra le pouvoir aux prochaines élections et ce, de façon majoritaire, neuf ans après l’avoir perdu aux mains du parti Libéral de Jean Charest. Ledit Charest a beau se targuer d’être le premier à avoir gagné trois élections de suite depuis Maurice Duplessis — belle comparaison! —, il aura été au pouvoir durant neuf ans, comme avant lui le PQ (1994-2003), le PLQ (1985-1994) et le PQ (1976-1985).

Avant cette première accession au pouvoir par le PQ, en 1976, le gouvernement du PLQ, avec Robert Bourasse en tête, n’avait conservé le pouvoir que durant deux courts mandats de trois années, secoué qu’il était par les crises — Octobre 70 et la Loi sur les mesures de guerre — et les scandales de toute sorte, celui de la viande avariée au premier plan.
Donc, si la tendance se maintient, le trône québécois verra de près une nouvelle paire de fesses dans les prochains mois. Bonne nouvelle, surtout pour ceux — ils sont légion et j’en suis — qui n’en peuvent plus de Jean Charest et de ses manières de gouverner.

Le Québec rejoindra vraisemblablement quatre autres provinces ou territoires du Canada — le temps qu’il en fait toujours partie! — qui ont élu des femmes Premières ministres. Avec son expérience au pouvoir comme ministre de la Santé, de l’Éducation, des Finances et présidente du Conseil du Trésor, les capacités à diriger le Québec de Pauline Marois ne font pas trop douter. Elle pourra, en plus, surfer un certain temps sur la vague d’insatisfaction soulevée par le gouvernement Charest, jusqu’à ce qu’elle s’échoue sur la côte…

La partie s’annonce toutefois difficile pour celle qu’on appelle maintenant la dame de béton, sur la question de la souveraineté du Québec. Alors que les conservateurs de Stephen Harper construisent semaine après semaine un Canada qui devient de plus en plus contraire aux valeurs et aux aspirations des Québécois, il sera très intéressant de voir si madame Marois profitera de la situation pour faire progresser l’option souverainiste et comment, le cas échéant, elle préparera le terrain de l’affrontement politique avec le fédéral. Ceux qui étaient ses adversaires acharnés en raison de sa mollesse et qui tendent à revenir dans les rangs péquistes — sage décision — ne devraient pas la laisser manquer ce bateau, qui ne repassera pas de sitôt.